Se pourrait-il que 2010 soit l'année du livre électronique? C'est ce que semble vouloir croire Amazon. L'e-commerçant américain a en effet passé la période des fêtes à claironner à grands coups de communiqués de presse que le Kindle, son e-book maison, était l'objet le plus vendu de tous les temps sur son site, depuis sa mise en vente dans une centaine de pays en octobre dernier. Et son président, Jeff Bezos, de renchérir en déclarant un changement d'ère lorsque le 25 décembre, et pour la première fois, le nombre de livres numérisés vendus par Amazon avait dépassé celui de livres "physiques".
Des affirmations à relativiser, bien sûr. Tout d'abord, la montée en puissance des livres numérisés est avant tout due au faible volume de livres papiers achetés le jour de Noël (logiquement, ceux-ci sont achetés avant les fêtes, pas le jour-même), alors même que chaque personne se voyant offrir un Kindle y a logiquement téléchargé un voire plusieurs livres numérisés.
Par ailleurs, Amazon a pour politique de ne pas divulguer de statistiques de ventes, ce qui ne permet pas d'apprécier précisément l'ampleur du phénomène. Les mauvaises langues diront que le site se garde surtout de communiquer sur des chiffres décevants, mais le cabinet de consultants en NTIC Forrester Research estime qu'en tout fin 2009, le Kindle se serait écoulé à près de 1,8 million d'exemplaires, représentant ainsi près de 60% d'un marché encore balbutiant mais amené à doubler dès cette année. (edit : le journaliste Mitch Ratcliffe de ZDnet table lui sur 1,49 million, pour 65% du marché, mais ce ne sont une nouvelle fois que des estimations, et l'on ne sait pas si elles concernent le monde entier ou seulement les Etats-Unis)
De même, il ne faut pas oublier que ne pas dévoiler de chiffres constitue également une bonne vieille stratégie permettant à Amazon de garder ses rivaux dans l'expectative, et qui a encore récemment fait ses preuves : Barnes & Nobles, concurrent direct d'Amazon, n'a ainsi pu répondre à la demande de son propre e-book, le Nook, à cause d'une mauvaise appréciation du marché.
Il n'empêche que tant de secret agace énormément, et pourrait dans un futur proche coûter cher à Amazon ; car si le géant de Seattle jouit actuellement d'une confiance intacte de la part des investisseurs, rien ne dit que celle-ci soit inébranlable si son président s'obstine à rester mutique. Tôt ou tard, il faudra donc passer à table...
Succès commercial ou non, le Kindle déchaîne les passions entre technophobes et/ou fétichistes du papier et adeptes des nouvelles technologies.
Au chapitre des points positifs, en tant que possesseur de Kindle je dois avouer que l’encre électronique est une technologie très impressionnante, et offrant un réel confort de lecture. De plus l’appareil est fin, a l’air plutôt solide et son utilisation est relativement intuitive. Et l’idée de pouvoir lire des tonnes de bouquins et de rapports en PDF (la raison première pour laquelle les ebooks m’intéressaient) sans avoir à gaspiller du papier et de l’encre m’enchante.
Néanmoins, force est de constater que le Kindle reste encore très limité, en particulier pour les utilisateurs ne vivant pas aux Etats-Unis : l’offre de livres numérisés est quasi uniquement en langue Anglaise et l’accès à Internet, aux blogs, ainsi qu’à la presse est encore bloqué pour des raisons juridiques. Autant d’éléments faisant de la lecture sur Kindle une expérience plus qu’une réelle habitude.
Gageons cependant que ces quelques défauts seront bientôt gommés par les mise-à-jour régulièrement effectuées par Amazon. La dernière en date a par exemple augmenté la longévité de la batterie de 75%, et permis de lire les fichiers aux formats .txt, .doc et PDF, ce qui prouve que le Kindle a une réelle marge d'amélioration.
Mais au delà, le Kindle divise les technophiles eux-mêmes. Certains, comme Francis Pisani l'adorent et l’ont adopté depuis longtemps pour son autonomie incomparable et sa grande rapidité ; d’autres l’estiment déjà obsolète. Ainsi l’écran monochrome et l’interface quelque peu fruste du Kindle en feraient pour certains un objet du passé, appelé à être rapidement supplanté par le smartphone (définitivement l'objet de cette fin de décennie), vers lequel les habitudes de lecture du grand public se déplaceraient progressivement.
L’ère est en effet au multitâche et au multimédia -l’iPod nano fait des vidéos, la PS3 permet de regarder des photos et de surfer sur internet, etc.- et l’apparition d’un écran de plus, qui plus est monotâche (sacrilège!), fait l’objet de nombreuses critiques, à mon avis un peu faibles (le Kindle n’a jamais eu la prétention d’être un ordinateur de plus, et le principal argument de vente des ebooks réside avant tout dans leur écran très particulier). D'ailleurs, Amazon aurait déjà senti le vent tourner, en déclinant le Kindle sous forme de logiciel gratuit de lecture d'ebooks sur ordinateurs et téléphones portables.
edit : Il est fort probable qu'en réalité Amazon abandonne -ou réduise fortement- à terme la commercialisation de l'objet Kindle, pour se concentrer sur sa plateforme de vente de livres électroniques en la rendant accessible sur tous les supports numériques existants (téléphones portables, tablette, ordinateurs portables ou de bureau, etc.). Ce scénario, s'inscrivant dans une logique de "cloud computing", permettrait au géant de Seattle d'éviter une réelle confrontation avec Apple sur le terrain du matériel et de conserver une certaine mainmise sur le marché.
Dans un même ordre d’idée, les ebooks pourraient, aux yeux de certains, être enterrés par la future tablette Apple («iSlate», «iPad» ou «iGuide», enfin vous voyez le genre), véritable rêve de geek déjà surnommé «Kindle killer», tenant en haleine la blogosphère depuis plus d’un mois, et qui devrait théoriquement être présentée au grand public le 26 janvier prochain.
Nul ne sait donc comment évoluera le livre électronique ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il évoluera. Car l’intérêt du succès -même sans chiffres- du Kindle est ailleurs. En sortant des rayons high-tech et des pages des magazines spécialisés pour se retrouver directement sous le sapin de centaines de milliers de personnes, le Kindle (et, dans une moindre mesure, ses concurrents) a permis au livre électronique de devenir en cette fin d’année 2009 plus qu’un simple gadget pour happy few.
Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir ; mais à long terme, le livre électronique pourrait changer beaucoup de choses...
Des affirmations à relativiser, bien sûr. Tout d'abord, la montée en puissance des livres numérisés est avant tout due au faible volume de livres papiers achetés le jour de Noël (logiquement, ceux-ci sont achetés avant les fêtes, pas le jour-même), alors même que chaque personne se voyant offrir un Kindle y a logiquement téléchargé un voire plusieurs livres numérisés.
Par ailleurs, Amazon a pour politique de ne pas divulguer de statistiques de ventes, ce qui ne permet pas d'apprécier précisément l'ampleur du phénomène. Les mauvaises langues diront que le site se garde surtout de communiquer sur des chiffres décevants, mais le cabinet de consultants en NTIC Forrester Research estime qu'en tout fin 2009, le Kindle se serait écoulé à près de 1,8 million d'exemplaires, représentant ainsi près de 60% d'un marché encore balbutiant mais amené à doubler dès cette année. (edit : le journaliste Mitch Ratcliffe de ZDnet table lui sur 1,49 million, pour 65% du marché, mais ce ne sont une nouvelle fois que des estimations, et l'on ne sait pas si elles concernent le monde entier ou seulement les Etats-Unis)
De même, il ne faut pas oublier que ne pas dévoiler de chiffres constitue également une bonne vieille stratégie permettant à Amazon de garder ses rivaux dans l'expectative, et qui a encore récemment fait ses preuves : Barnes & Nobles, concurrent direct d'Amazon, n'a ainsi pu répondre à la demande de son propre e-book, le Nook, à cause d'une mauvaise appréciation du marché.
Il n'empêche que tant de secret agace énormément, et pourrait dans un futur proche coûter cher à Amazon ; car si le géant de Seattle jouit actuellement d'une confiance intacte de la part des investisseurs, rien ne dit que celle-ci soit inébranlable si son président s'obstine à rester mutique. Tôt ou tard, il faudra donc passer à table...
Succès commercial ou non, le Kindle déchaîne les passions entre technophobes et/ou fétichistes du papier et adeptes des nouvelles technologies.
Au chapitre des points positifs, en tant que possesseur de Kindle je dois avouer que l’encre électronique est une technologie très impressionnante, et offrant un réel confort de lecture. De plus l’appareil est fin, a l’air plutôt solide et son utilisation est relativement intuitive. Et l’idée de pouvoir lire des tonnes de bouquins et de rapports en PDF (la raison première pour laquelle les ebooks m’intéressaient) sans avoir à gaspiller du papier et de l’encre m’enchante.
Néanmoins, force est de constater que le Kindle reste encore très limité, en particulier pour les utilisateurs ne vivant pas aux Etats-Unis : l’offre de livres numérisés est quasi uniquement en langue Anglaise et l’accès à Internet, aux blogs, ainsi qu’à la presse est encore bloqué pour des raisons juridiques. Autant d’éléments faisant de la lecture sur Kindle une expérience plus qu’une réelle habitude.
Gageons cependant que ces quelques défauts seront bientôt gommés par les mise-à-jour régulièrement effectuées par Amazon. La dernière en date a par exemple augmenté la longévité de la batterie de 75%, et permis de lire les fichiers aux formats .txt, .doc et PDF, ce qui prouve que le Kindle a une réelle marge d'amélioration.
Mais au delà, le Kindle divise les technophiles eux-mêmes. Certains, comme Francis Pisani l'adorent et l’ont adopté depuis longtemps pour son autonomie incomparable et sa grande rapidité ; d’autres l’estiment déjà obsolète. Ainsi l’écran monochrome et l’interface quelque peu fruste du Kindle en feraient pour certains un objet du passé, appelé à être rapidement supplanté par le smartphone (définitivement l'objet de cette fin de décennie), vers lequel les habitudes de lecture du grand public se déplaceraient progressivement.
L’ère est en effet au multitâche et au multimédia -l’iPod nano fait des vidéos, la PS3 permet de regarder des photos et de surfer sur internet, etc.- et l’apparition d’un écran de plus, qui plus est monotâche (sacrilège!), fait l’objet de nombreuses critiques, à mon avis un peu faibles (le Kindle n’a jamais eu la prétention d’être un ordinateur de plus, et le principal argument de vente des ebooks réside avant tout dans leur écran très particulier). D'ailleurs, Amazon aurait déjà senti le vent tourner, en déclinant le Kindle sous forme de logiciel gratuit de lecture d'ebooks sur ordinateurs et téléphones portables.
edit : Il est fort probable qu'en réalité Amazon abandonne -ou réduise fortement- à terme la commercialisation de l'objet Kindle, pour se concentrer sur sa plateforme de vente de livres électroniques en la rendant accessible sur tous les supports numériques existants (téléphones portables, tablette, ordinateurs portables ou de bureau, etc.). Ce scénario, s'inscrivant dans une logique de "cloud computing", permettrait au géant de Seattle d'éviter une réelle confrontation avec Apple sur le terrain du matériel et de conserver une certaine mainmise sur le marché.
Dans un même ordre d’idée, les ebooks pourraient, aux yeux de certains, être enterrés par la future tablette Apple («iSlate», «iPad» ou «iGuide», enfin vous voyez le genre), véritable rêve de geek déjà surnommé «Kindle killer», tenant en haleine la blogosphère depuis plus d’un mois, et qui devrait théoriquement être présentée au grand public le 26 janvier prochain.
Nul ne sait donc comment évoluera le livre électronique ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il évoluera. Car l’intérêt du succès -même sans chiffres- du Kindle est ailleurs. En sortant des rayons high-tech et des pages des magazines spécialisés pour se retrouver directement sous le sapin de centaines de milliers de personnes, le Kindle (et, dans une moindre mesure, ses concurrents) a permis au livre électronique de devenir en cette fin d’année 2009 plus qu’un simple gadget pour happy few.
Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir ; mais à long terme, le livre électronique pourrait changer beaucoup de choses...
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