Il y a quelques jours, le journaliste Anand Giridharadas consacrait sa chronique au New York Times au déclin de la culture de masse.
Pourquoi déclin? Parce que Giridharadas entend l'expression "culture de masse" (à ne pas confondre avec "pop culture") au sens littéral, c'est à dire "partagée simultanément par le plus grand nombre". Or, selon lui et plusieurs experts, l'explosion du digital a conduit au morcellement des média, débouchant sur l'atomisation des publics dans le temps et l'espace. Certes, il y a toujours des programmes TV qui cartonnent, des blockbusters ou des best-sellers, mais ceux-ci semblent rassembler moins de monde au même moment et/ou au même endroit. Les gens téléchargent les films (légalement ou pas), rattrapent leur série en streaming (légalement ou pas), écoutent la radio en décalé voire en podcast, enregistrent les émissions sur leur disque dur...
Une série comme Gossip Girl est quelque part assez représentative de ce nouveau paradigme : elle réalise des chiffres d'audience bas voire carrément mauvais aux Etats-Unis, mais parvient quand même à être considérée comme culte et rendre tout le monde hystérique. C'est que son public est très dispersé de par le monde, jamais devant son écran au même moment... et jamais devant le même écran non plus, puisque nombreux sont ceux qui suivent la série sur Internet.
Est-ce à dire que des phénomènes collectifs comme la sortie d'un tome de la saga Harry Potter ou les salles combles d'Avatar sont les derniers vestiges d'une époque révolue? Si le constat —plutôt classique— peut paraître excessif, il reste très vraisemblable.
Cependant, Giridharadas met la mort de la "mass culture" sur le compte des nouvelles technologies mais oublie de signaler que ce sont ces mêmes-nouvelles technologies qui ont permis, avec le développement de la presse bon-marché, de la radio et surtout la télévision, la naissance de la culture de masse...
Pourquoi, dès lors, le digital ne conduirait-il non pas à la mort de la culture de masse, mais à sa réorganisation? Ne se dirigerait-on pas vers une culture hybride, plus que jamais globalisée mais pas forcément partagée par le monde entier, à la fois de masse mais aussi de niche?
Qu'en pensez-vous?
Ce qui nait du progrès technique meurt très souvent par ce même progrès technique. C'est un cycle assez schumpeterien en effet. Mais j'aime bien l'idée de culture de masse-culture de niche.
RépondreSupprimerJe like rien que pour la photo de Gossip Girl ^^
RépondreSupprimerPlus sérieusement, je trouve ça un peu tiré par les cheveux, cette ideé de "mort de la culture de masse" ... "Masse" ne signifie pas au même moment, mais réfère à un "poids", donc au nombre de personnes qui visionnent / écoutent des shows, etc.
Tout ça pour dire que je suis plutôt d'accord avec toi, il s'agit sans doute d'une "réorganisation". La masse ne fait que grandir puisque de plus en plus de monde a accès à internet & à la télévision !
Certainement vrai à New york.
RépondreSupprimerFaux dans 90% des autres cas.
Pourquoi les jeunes métropolitains trendy se croient-ils toujours à la source de la culture et du changement (cf mode et buzz en tous genre) ?
C'est parce que ce sont des nombrilistes égocentriques qui n'ont de culture que le mot à la bouche,( voir effet de récence) et dont les grands -disons connus ou wannabe's - flattent l'ego à cette fin, d'avoir du buzz par ce genre d'intermédiaires vains et creux.
Tout est politique, si tu veux de la culture, cherche ailleurs, là où c'est multimillénaire et sombre,sois pas la pauvre cloche qui sonne comme le smartphone d'un pdg, toutes les 5mn.
Signé: 2M3XVs
Yeah Gibé, bien joué!
RépondreSupprimerlol.
RépondreSupprimerL'idée d'une réorganisation me va très bien. Nous sommes tous connectés aux médias à des moments différents, cherchant des infos différentes mais se croisant ici ou là. Ca m'épate d'ailleurs que des systèmes de mesure de l'audimat désormais archaïques existent encore (le boîtier TV dans un panel de familles). La masse est toujours là, mais dispersée, happée par des sources diverses et pourtant parfois attirée vers un même objet.
RépondreSupprimer@Rebecca : Effectivement, les instruments de mesure tendent à devenir obsolètes! Aucun outil n'a jamais permis de mesurer l'audience de manière transversale! Dommage...
RépondreSupprimer