Pendentif "Ocytocine" (en vente sur Etsy) Toujours plus original qu'une parure VC&A... |
Comme je suis un peu frustré, voici l'article!
***
Pour
rigoureuse qu’elle soit, la recherche médicale a aussi ses modes. A cet égard,
l’engouement de la communauté scientifique pour l’ocytocine, hormone
confidentielle il y a encore 15 ans, est spectaculaire. Il faut dire que cette
substance sécrétée par l’hypophyse, connue pour être, chez les femmes, à
l’origine des contractions et des montées de lait, semble avoir tant de
propriétés miraculeuses que l’on a fini par la surnommer molécule de l’amour.
Un sobriquet plus noble que son nom grec, qui signifie "accouchement rapide"!
Etroitement
associée à l’érotisme, l’ocytocine irradie les amants après l’orgasme et vient
renforcer chimiquement la passion qui les lie. C’est ce rôle central dans
l’alchimie amoureuse qui l’a faite connaître du grand public. Mais au-delà des
couples, ce neurotransmetteur contribue à créer l’affection entre les parents
et leurs enfants, et plus globalement, entre les hommes et leur famille, leur
communauté. Parce qu’elle tend à inhiber les mécanismes de la peur pour
stimuler ceux du plaisir, l’ocytocine agit comme un puissant moteur de
générosité et d’empathie. Elle favoriserait la confiance, pousserait au don de
soi et nous rendrait tout simplement plus sociables. Une étude du Centre de
neuroscience cognitive de Lyon a même mis en lumière ses effets positifs dans
le traitement de l’autisme.
L’ocytocine
pourrait-elle être la clé de voûte du vivre-ensemble? Possible —du moins en
partie. Car ce serait en ignorer certains effets moins positifs. En suscitant
l’altruisme et l’amour de la communauté, l’hormone développe aussi l’esprit de clan et la méfiance vis-à-vis de ceux qui n’en font pas partie. La «gentille»
molécule se muerait dès lors en source de xénophobie inconsciente, et
expliquerait même des comportements agressifs de défense du groupe pouvant
aller jusqu’à l’auto-destruction. Quand l’éros cède la place au thanatos...
Derrière
tous les travaux sur l’ocytocine se pose la question de la frontière poreuse
entre conscient et inconscient, volonté et pulsions, raison et passion. Nos
agissements ne tiennent-ils qu’à quelques molécules? C’est précisément ce que
cherche à déterminer Paul J. Zak, un scientifique américain très tôt intrigué
par l’ocytocine. L’homme est un pionnier de la neuroéconomie, une jeune
discipline qui, comme son nom l’indique, étudie nos décisions quotidiennes au
travers du seul prisme biologique. Une approche qui n’est pas sans rappeler
celle d’un Henri Laborit, célèbre médecin auteur d’essais particulièrement
radicaux sur le comportement humain (dont Eloge de la fuite, publié en
1976).
En
attendant, la ferveur autour de l’ocytocine ne faiblit pas. Conséquence
prévisible de cette frénésie : la commercialisation par des charlatans d’une flopée
de sprays "magiques" et autres pseudo-philtres censés rendre plus tendre ou
accroître la confiance de vos interlocuteurs... Et l’amour, dans tout ça?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire