Ces jours-ci sort Quarter Life Poetry, un recueil de poésie parodique signé par la publicitaire Samantha Jayne. Cette femme de 25 ans a commencé par dépeindre les vicissitudes de sa vie de jeune adulte sur Instagram, sous forme de quatrains aussi drôle que délicatement illustrés. 90.000 abonnés plus tard, elle s'est vue comme d’autres success stories du Web proposer un contrat d'édition pour transposer son travail dans un livre.
Si Quarter Life Poetry est un objet littéraire sympathique doublé d’un beau produit marketing qui se vendra par palettes entières dans tous les Urban Outfitters du monde, on peut aussi y voir un témoin de l'époque. Avec son humour acide et son auto-dérision hypertrophiée, Samantha Jayne pourrait être la petite sœur d'une Lena Dunham ou d'une Amy Schumer. Par ailleurs, les médias américains la décrivent volontiers comme l’archétype du "Millennial", cette fameuse génération née entre 1980 et 2000 qui obsède tout le monde depuis 10 ans. Se pourrait-il que son livre porte en lui une “esthétique de la Génération Y” ? Si une telle esthétique existe, elle ressemble en tous cas à sa synthèse particulière entre culture classique et culture populaire, entre angoisse et désinvolture et bien sûr entre enfance et âge adulte.
Jayne n'est pas la seule à construire cette “esthétique Millennial”. D’innombrables comptes Instagram comme ceux de Betches, Fuck Jerry ou BeigeCardigan, qui rassemblent chacun des millions d'abonnés et sont devenus des médias à part entière, contribuent aussi à la nourrir. On y retrouve les mêmes contenus dupliqués ad libitum : captures d'écran, photos de séries ou de films, memes... Les thèmes abordés y sont également proches : libération sexuelle en cours, job compliqué, finances en berne, besoin de faire partie d'un groupe social, difficulté à couper le cordon avec les parents et beaucoup, beaucoup d'alcool. Autant d’éléments contribuant à renforcer une image de Génération Y paradoxale et instable, à la fois rebelle mais conformiste… et surtout paumée.
Parvenir à fixer les fondamentaux d'une génération à travers les médias qu'elle a elle-même inventés ; l'idée est séduisante. Il faut néanmoins se garder de tout raccourci. Ces comptes sont porteurs d'une esthétique qui demeure occidento-centrée et délibérément grotesque, ce qui participe de la caricature de la génération Y dans laquelle versent bien souvent les médias. Une caricature qui concerne d'ailleurs plus souvent les femmes (qui demeurent les principales utilisatrices d’Instagram), souvent dépeintes comme frivoles et passant leur temps à se crêper le chignon entre deux cocktails un peu trop chargés… Il est néanmoins intéressant de voir qu’ici, ce sont les échecs et les vices qui sont valorisés, comme un pied de nez aux images parfaites et ultra-contrôlées que les réseaux sociaux favorisent généralement.
Jayne n'est pas la seule à construire cette “esthétique Millennial”. D’innombrables comptes Instagram comme ceux de Betches, Fuck Jerry ou BeigeCardigan, qui rassemblent chacun des millions d'abonnés et sont devenus des médias à part entière, contribuent aussi à la nourrir. On y retrouve les mêmes contenus dupliqués ad libitum : captures d'écran, photos de séries ou de films, memes... Les thèmes abordés y sont également proches : libération sexuelle en cours, job compliqué, finances en berne, besoin de faire partie d'un groupe social, difficulté à couper le cordon avec les parents et beaucoup, beaucoup d'alcool. Autant d’éléments contribuant à renforcer une image de Génération Y paradoxale et instable, à la fois rebelle mais conformiste… et surtout paumée.
Parvenir à fixer les fondamentaux d'une génération à travers les médias qu'elle a elle-même inventés ; l'idée est séduisante. Il faut néanmoins se garder de tout raccourci. Ces comptes sont porteurs d'une esthétique qui demeure occidento-centrée et délibérément grotesque, ce qui participe de la caricature de la génération Y dans laquelle versent bien souvent les médias. Une caricature qui concerne d'ailleurs plus souvent les femmes (qui demeurent les principales utilisatrices d’Instagram), souvent dépeintes comme frivoles et passant leur temps à se crêper le chignon entre deux cocktails un peu trop chargés… Il est néanmoins intéressant de voir qu’ici, ce sont les échecs et les vices qui sont valorisés, comme un pied de nez aux images parfaites et ultra-contrôlées que les réseaux sociaux favorisent généralement.
Au final, une seule chose demeure certaine : si tant est que la Génération Y existe, son esthétique se caractérise avant tout par l'importance du collage et du partage. Comme une mise en abîme d'un monde où plus rien ne se crée mais tout se transforme.
Cet article a d'abord été publié sur Medium