mercredi 19 août 2009

Twitter et la quête du buzz

Il est aujourd'hui de bon ton de considérer Twitter comme la plus grande invention depuis l'imprimerie. Sans aller jusque là, force est de constater que, depuis sa création en 2006, le site de microblogging s'est révélé être un puissant porte-voix pour les hommes politiques américains comme pour les manifestants iraniens. Il a également remis en question le monopole des agences de presse à collecter, hiérarchiser et répercuter l'information. Enfin, et ce n'est pas négligeable (lol), il a relancé la carrière d'Ashton Kutcher qui, en étant une des premières célébrités à s'approprier ce nouveau médium, en est devenu son utilisateur le plus populaire.
Inutile dès lors de dire que les marketeers du monde entier ont très tôt vu dans Twitter l'outil révolutionnaire qui allait enfin leur permettre d'à la fois capter le buzz en amont et tester l'impact de leurs campagnes en aval, le tout de manière quasi-instantanée.
Nombreux sont ceux qui ont ainsi tenté de récupérer quelques miettes du gâteau en créant divers services traquant la tendance sur la base des seuls tweets de millions d’utilisateurs. En voici quelques uns :
Twitrratr se propose de calculer le pourcentage d’opinions positives ou négatives à propos de n’importe qui ou n’importe quoi. La part des personnes déçues par leur iPhone 3GS? 2,87%. Quel pourcentage de tweets en faveur d’Hillary Clinton? 4,6%. Tout repose sur un algorithme analysant automatiquement le champ lexical et la syntaxe de chaque tweet (en Anglais uniquement). Pour le meilleur, mais également pour le pire : on se retrouve parfois face à de véritables contre-sens : par exemple, la phrase "I lost my Beatles CD. That sucks" est anormalement considérée comme négative, car elle contient les mots "lost" et "sucks".

Tweetcould présente sous la forme d’un «nuage» les mots clés revenant le plus souvent dans les messages de l’ensemble des utilisateurs de Twitter ou d’un seul d’entre eux. Un service sommaire mais qui permet de rapidement savoir ce qui fait parler sur Internet.

Twitterholic classe les utilisateurs de Twitters selon plusieurs critères : le nombres d’abonnés, le nombre de mises à jour, etc. Un bon moyen pour repérer qui fait le buzz... Et qui passe sa vie à la raconter en ligne.

Twittervision expose en temps réel la provenance géographique de chaque tweet. L’internaute se retrouve donc balloté d’un continent à l’autre au gré des milliers de messages postés chaque seconde sur la plateforme de micro-blogging. Sans doute le plus spectaculaire, mais aussi le plus anecdotique, des sites nés du succès de Twitter.

On voit donc que les idées que manquent pas lorsqu’il s’agit de tirer profit, directement ou indirectement, du phénomène Twitter. Cependant, la plupart de ces services demeurent à ce jour très limités et ne sauraient en aucun cas être considérés comme fiables.
En réalité, cette situation rappelle le célèbre paradoxe de Solow. Au milieu des années 80, le prix Nobel d’économie américain Robert Solow s’étonnait en ces termes : «les ordinateurs sont partout, sauf dans les chiffres de productivité.» Autrement dit, l’informatique semblait, curieusement, n’avoir aucune incidence sur la croissance, alors même qu’elle était déjà en plein boom... Bien sûr, le paradoxe n’était qu’apparent, et il ne s’agissait que d’une question de temps et d’adaptation. L’outil informatique n’avait pas encore été complètement apprivoisé, son potentiel restant ainsi en sommeil. Les années 90, et en particulier leur seconde partie, allaient rendre l’observation de Solow caduque.
Celle-ci conserve néanmoins tout son sens face aux incessantes évolutions technologiques auxquelles nous sommes exposés. Reste à voir si le potentiel de Twitter sera réellement mis à profit avant que le service ne devienne, comme tant d’autres «phénomènes», obsolète.


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