mardi 9 février 2010

Devine d'où je me connecte?

La géolocalisation est une des grosses tendances qui devraient marquer l'année 2010. Le principe est simple : il s'agit d'indiquer de manière régulière sa position géographique à l'ensemble de son "réseau social" -comprenez vos amis Facebook, vos followers Twitter, etc. Un peu comme un status ou un tweet, sauf qu'ici on ne dit pas ce que l'on fait ou ce que l'on pense, mais où l'on se trouve.
Cela peut aussi bien se faire de manière manuelle (on déclare officiellement se trouver en tel lieu) qu'automatique (via GPS, cf. notamment Apple qui compterait intégrer une option de géolocalisation des appels sur le prochain iPhone).

La géolocalisation ne peut qu'exploser dans les années à venir car toutes les conditions de son développement semblent aujourd'hui réunies :
  • montée de l'Internet mobile (couverture wi-fi omniprésente en ville, connexion 3G, voire 4G bientôt pour les téléphones portables) et des terminaux permettant d'y accéder (smartphones, tablettes, etc.), ce qui mène à l'ancrage de pratiques numériques de plus en plus nomades ;
  • démocratisation de la technologie GPS, qui ne sert plus uniquement à vous guider sur les petites routes de campagne ;
  • apparition, enfin, de nouvelles normes sociales moins regardantes sur la vie privée, ou du moins plus ouvertes au partage de données personnelles telle que la position géographique.

La réalité augmentée, dont nous avons déjà parlé ici il y a quelques temps déjà, est elle-même en partie fondée sur la géolocalisation, en ce sens que de nombreuses applications fonctionnent en localisant l'utilisateur afin de lui donner des informations sur son environnement direct. Mais  la combinaison réalité augmentée/géolocalisation pourrait aller bien plus loin que simplement vous indiquer le chemin vers le Starbucks ou la station de métro la plus proche. On pourrait par exemple se voir notifier, lors d'une balade en ville, de la présence dans le voisinage d'amis faisant du shopping. Cela pourrait donner naissance à des pratiques sociales inédites. On a toujours reproché à Internet et au virtuel en général de pousser les gens à se cloîtrer chez eux ; ici, la géolocalisation pousserait ces derniers à se retrouver "dans la vraie vie".

Évidemment, comme toutes les nouvelles technologies la géolocalisation porte en elle d'importants risques quant au respect de la vie privée. Certains y verront sans doute un pas de plus vers cette terrible société de "sous-veillance" (Ganascia) dont je parlais il y a peu. Il s'agira à l'avenir d'être toujours plus vigilant quant à ce que l'on souhaite partager avec le plus grand nombre. Pas sûr, d'ailleurs, que le monde entier ait besoin de savoir où l'on se trouve à la minute et au mètre près...

Ce qui est sûr c'est que la géolocalisation présente un autre immense potentiel, en termes de publicité et de marketing, cette fois-ci. Preuve en est qu'Apple a récemment interdit aux développeurs iPhone d'intégrer des publicités géolocalisées dans leur applications... La firme de Cupertino souhaite visiblement garder le monopole de ce très juteux marché (reste à voir si cette position sera tenable).
Cependant, les possibilités marketing restent importantes. Le service de réseautage de proximité Foursquare -si vous ne devez retenir qu'un nom, ce sera celui-là-, qui permet à ses utilisateurs de découvrir et faire découvrir de manière ludique des lieux en tous genres, offre déjà à ses utilisateurs des promotions dans certains restaurants. Idem pour les autres réseaux construits sur le même principe (Gowalla, Dismoiou, Yelp)...

Un dernier apport de la géolocalisation, c'est le rôle accru qu'elle donne à l'usager et au consommateur. Si Foursquare et Gowalla, lancés simultanément en 2008, consistent au départ à faire découvrir à ses amis des "lieux" de toutes sortes (ruelles pittoresques, églises isolées, trésors architecturaux cachés, etc.), tous deux intègrent des fonctions de notation et de recommandation d'établissements tels que des boutiques, des bars, par exemple. Si les gens sont très satisfaits du service d'un café (ou à l'inverse qu'ils en sont déçus), ils se connecteront à Foursquare et feront part part de leur expérience à l'ensemble de la communauté... Leur témoignage étant ensuite accessible à quiconque se promènera dans les environs du dit-café, et influençant sur ses choix.
Tout cela n'est pas nouveau et s'inscrit dans la continuité des innombrables services de "reviewing" existant aujourd'hui sur Internet. Depuis une dizaine d'années, le web 2.0 nous a en effet donné  de  nombreux outils (plus ou moins efficaces) pour mieux consommer et/ou nous défendre face aux marques. Evaluer, noter, donner son avis est désormais un réflexe pour des millions d'internautes. Les aspects de "proximité" de la géolocalisation et d'immédiateté de l'Internet mobile ne feront donc que renforcer cette montée en puissance du "consommateur averti". Certains prédisent même le retour du "client roi" -si ce n'est du client-tyran. 
Mais peut-être est-ce aller trop loin. Qu'en pensez-vous? 

Au delà, vous sentez-vous prêts à intégrer la géolocalisation dans votre quotidien?

edit : Le lancement en fanfare aujourd'hui-même de Google Buzz confirme la tendance : l'application, bientôt disponible sur téléphone portable, inclut une fonction de géolocalisation pour savoir en temps réel ce qui "fait le buzz" autour de vous.


3 commentaires:

  1. Je trouve que les NTIC dépassent de plus en plus les limites de l'imaginables et que le "monde du futur", qui est ou a été prédit dans tous les films que nous connaissons, va sûrement bientôt se réaliser complètement.
    En tout cas, pour ma part, je ne suis pas contre la géolocalisation, tant qu'il y a une possibilité de couper le système de repérage de temps en temps :)

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  2. Moi je trouve que ça devient limite oppressant... Nous voilà rentrer dans une ère de Big Brother volontaire, et ça fait presque peur ! De manière générale les gens n'aiment pas qu'on les flique... et là ils le font volontairement! ça promet de nouvelles tendances dans les jugements à venir en matière de tromperie... J'attends de voir quelles nouvelles lois devront sortir pour parer aux futures dérives évidentes de ces nouvelles applications...

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  3. Tu as tout à fait raison... cela dit la géolocalisation n'est que la prolongement de modes de flicage déjà bien réels, et qui nous paraissent presque naturels (téléphones portables, smartphones qui reçoivent les mails, etc.).
    A mon avis, on est engagé dans un processus de changement des habitudes sur le trèèès long terme qui nous dépasse à l'heure actuelle.

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