Plus explicite tu meurs, comme illustration... (au passage, notez la belle tonalité bleue) |
American Express et Foursquare viennent de signer un partenariat qui sera présenté et mis en pratique lors de la grand’messe techno et indie South by Southwest, à partir du 11 mars. L'idée est simple : les utilisateurs de Foursquare possédant une carte AmEx pourront la lier à leur compte et ainsi profiter de réductions systématiques chez certains commerçants, sans même avoir à signaler leur position. Un principe qui, si l’opération fonctionne (et nul doute qu’elle fonctionnera vu le public du festival) devrait être étendu à l’ensemble des Etats-Unis. L'initiative fait écho à une première collaboration entre les deux entreprises fin 2010, sur une application au concept intéressant mais encore bien trop intrusif pour décoller.
Cette fois-ci, en revanche, ça pourrait marcher —et même très fort!
Pour American Express, l'opération devrait multiplier les transactions à l'aide de ses cartes, sur lesquelles la compagnie réalise déjà des marges bien plus élevées que ses concurrents. Par ailleurs, elle renforce l'image "cool" et dynamique de la marque, et s'inscrit à ce titre dans le sillage d'opérations récentes telles que le "Members Project" (mécénat), "Unstaged" (brand content haut de gamme) ou la possibilité pour les clients fidèles d'obtenir des crédits virtuels à dépenser sur Facebook.
Pour Foursquare, cela signifie une base d'utilisateurs qui pourrait exploser. En un an, le service de géolocalisation a déjà connu une croissance très importante (de 500.000 membres en mars 2010 à 7 millions aujourd'hui). Mais l'exposition offerte par un accord avec American Express, numéro un du secteur aux Etats-Unis avec environ 49 millions de cartes en circulation et une clientèle plus aisée que la moyenne, pourrait être immense. Le signe que la géolocalisation est en passe de devenir mainstream? A voir...
Quoi qu'il en soit, ce qui est intéressant dans ce partenariat, c'est combien il cristallise certaines des tendances conso et technos les plus lourdes de ces dernières années —en particulier celle de l'obsession du bon plan.
Du développement des site ventes privées à l'explosion de e-couponing (Groupon en tête) en passant par les ventes flash (en ligne comme en boutiques) et les micro-faveurs faites aux utilisateurs de Foursquare ou Facebook Places, je ne compte plus les services jouant sur le besoin de "faire des affaires".
La raison première de cet engouement reste la crise économique, qui a durablement marqué les esprits de consommateurs plus économes et surtout plus méfiants et calculateurs. Mais au-delà de cet aspect utilitariste et logique, la quête effrénée du deal me semble motivée par l'ego. On observe un vrai phénomène de reverse snobbery vis-à-vis des destockages : acheter au rabais ou en groupe n'est pas être radin radin ou pauvre, c'est être futé et clairvoyant. On économise de l'argent tout autant qu'on gagne en estime de soi. Au-delà, débusquer les bons plans, c'est détenir une information que les autres n'ont pas, et donc un certain pouvoir. L'information en question (par exemple : "ce soir enchères privées sur la dernière collection Marc Jacobs hiiiii") devient dès lors une monnaie sociale qui valorise celui ou celle qui la détient. Donner cette information à quelqu'un d'autre revient presque à une cooptation au sein d'un cercle d'initiés. Enfin, il y a un vrai côté ludique dans cette recherche de petits privilèges qu'on n'hésite pas à traquer sur les réseaux sociaux, les forums, dans les newsletters, etc.
Pour en revenir à l'accord AmEx/Foursquare, il faudra sans doute être patient avant d'en voir l'équivalent en France ; et encore plus patient pour voir les gens s'approprier le concept. Mais qui sait, l'appât du bon plan pourrait accélérer les choses...
Qu'en pensez-vous?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire