dimanche 31 juillet 2011

Comment paraître cool sur Facebook, pt. 1


Figure 1 - De l'importance du caps lock dans les noms d'events Facebook
S’il y a une chose unanimement vilipendée sur Internet, c’est bien le fait d’écrire tout en capitales (bon il y a le Comic Sans aussi, mais c’est une autre histoire). L’utilisation du caps lock est rédhibitoire et vous catalogue direct comme un troll et/ou un n00b, ces "intouchables" du Web. Et pourtant : on croise encore des capitales sur Facebook, et pas chez des collégiens attardés, mais plutôt sur les walls des gens les plus hype.
C’est qu’au fil du temps, le réseau de Mark Zuckerberg est devenu un véritable écosystème en soi, avec ses propres codes et sa propre étiquette. Paraître et être (la frontière est évidemment floue ici) "cool" sur Facebook s’apprend et se travaille!
Poussé par ma lecture de Histoire du Snobisme de Frédéric Rouvillois (une somme passionnante qui fait autant rire que grincer des dents), j’ai eu envie d’écrire tout au long du mois d’août un petit "guide de savoir-paraître" sur Facebook, plein d’affectation et de mauvaise foi. En voici une première partie. Bonne lecture et bonnes vacances aux plus chanceux d'entre-vous!

***
Amis
Deux approches sont possibles ici :
  • Minimaliste : Vous appliquez à votre réseau Facebook une discipline de fer fondée sur les théories de Robin Dunbar et vous restreignez à 150 amis triés sur le volet. Outre le fait de créer un sentiment de privilège chez vos bienheureux contacts, cette démarche sera l’occasion de briller en soirée en expliquant le principe du nombre de Dunbar aux 2-3 personnes qui ne le connaissent pas encore. Le problème de la démarche minimaliste, c’est qu’en vous limitant à 150 contacts, vous tomberez dans le nombre moyen d’amis d’un utilisateur de Facebook. Et être dans la moyenne, c’est pas cool ;
  • Maximaliste : Vous la jouez hyper-populaire mais n’acceptez pas toutes les demandes pour autant. Limitez-vous à 650 amis : c’est toujours 5 fois plus que la moyenne mondiale, mais ça ne fait pas non plus «je me crois encore sur Myspace». Dans tous les cas, viser les 5000 amis est d’une vulgarité sans bornes —c’est quoi l’étape suivante, créer une page Facebook à votre gloire?

Anniversaires
  • Pour le vôtre : Si recevoir les bons voeux de 50 personnes le jour de son anniversaire a pu être grisant, c’est devenu très commun. Ne pas afficher sa date de naissance sur Facebook sera donc le meilleur moyen de séparer les “bons amis” de l’ivraie des contacts. Vous pouvez aussi fermer temporairement votre wall le jour J pour éviter tout message intempestif. Après tout, vos potes ont 364 autres jours par an pour vous manifester leur affection ;
  • Pour ceux de vos amis : Vous connaissez par cœur les anniversaires de vos amis et vous refusez à leur souhaiter sur leur wall, déjà encombré de posts impersonnels d’anciens camarades de CE2. Mieux vaut leur écrire des textos, ce moyen de communication infiniment plus humain et chaleureux.

Capitales
Comme nous le disions en introduction, pas de caps lock sauf dans deux cas de figures :
  • Dans un status un peu obscur. L’urgence se dégageant des capitales alliée à un message que seuls 5% de vos contacts peuvent comprendre fait toujours son petit effet ;
  • Dans les titres d’events. Ici, caps lock quasi obligatoires si vous voulez donner à votre invitation un aspect hype. (fig. 1)

Commentaires
Ils doivent se faire rares et ultra-pertinents : comptez un ratio d’un commentaire pour cinq likes. Faites le plus court possible : parfois, une simple image ou un lien copié/collé suffisent. N’utilisez pas de "lol" ou assimilé (fig. 2). Et, bien sûr, fautes d’orthographe interdites.
Figure 2 - Enthousiasme débordant, "mdr" et double point d'exclamation : 
un beau contre-exemple de commentaire

Langue
Si vous êtes cool, vous étiez forcément sur Facebook avant sa traduction, et continuez donc à l’utiliser en "US English". En bon puriste, vous vous plaignez d’ailleurs que le Français soit la langue par défaut sur l’application mobile Facebook. Abuséééé!


Like
Cette entrée ne concerne que le «like» de photos, status, etc. Pour le «like» de page, je traiterai l’entrée «Fan» plus tard.

En tant qu’unité de base de Facebook, le like est le plus gros vecteur de coolness du réseau social. Attention cependant : on peut tout liker, mais pas n’importe quoi. Quelques fonctions du like :
  • Pour répondre poliment à un contact lorsque vous ne savez pas quoi écrire (parce que vous manquez de temps/d’inspiration ou que le post en question est juste nul). Le comble du cool étant de ne pas liker le post mais les commentaires de vos amis sur ce post —une manière d’afficher son détachement et sa coolness ;
  • Pour la jouer cynique (et donc cool) et se moquer des status volontairement obscurs ou misérables a priori destinés à susciter l'inquiétude et la pitié ;
  • Pour valoriser status et commentaires les plus «cools» de vos contacts (en particulier ceux qui se moquent des status obscurs/misérables sus-cités).
Utilisez le like avec parcimonie (par exemple, pas plus d’une photo sur dix dans un album), sinon vous risquez de paraître trop enthousiaste, voire de passer pour un fayot en manque d’affection —ie l’antithèse du cool sur Facebook.

De même, ne likez pas trop vite. Si vous voyez apparaître un status qui vous plaît, attendez quelques minutes. Il ne faudrait pas que vos contacts croient que vous passez votre temps sur Facebook.
Si un post ou un status d'un de vos contacts vous plaît mais a déjà connu un certain "succès" (likes, commentaires...), abstenez-vous : les gens cools ne sont pas des suiveurs.

Enfin, inutile de dire que, sauf posture affichée, on ne like jamais ses propres posts.

Figure 3 - Le like cynique est fondamentalement "cool"

Ponctuation
Ne jamais doubler la ponctuation (pas de «??», ni de ?!» etc.). On n’est pas dans un agenda Pucca de collégienne.
Faites sauter le point final de vos commentaires les plus courts. Cela leur donnera un aspect en suspens et super cool.


Profile picture
Il n’y a pas de recette miracle de la coolness pour les profile pictures. Simplement : interdiction d’utiliser Photobooth (en particulier l’effet Warhol, usé jusqu’à la corde) et de changer sa photo plus d’une fois par mois (Facebook ≠ Skyblog ≠ MSN Messenger).


Smileys
Les gens cools n’utilisent pas de smileys, et surtout pas dans leur forme ancienne (type ;-) ). L’époque d’ICQ est révolue les mecs (cela dit, si vous utilisez expressément ces smileys "par habitude d’ICQ", ça peut être cool).
L’utilisation du hashtag en guise de néo-smiley est encore tolérée mais devrait faire long feu à mesure que les codes de Twitter deviennent grand public.


Social games
Les social games à la Zynga sont à proscrire car 1) question "jeu qui met en péril votre vie sociale", rien ne vaudra jamais Tetris, 2) ils envahissent le newsfeed de vos contacts et vous y décrédibilisent à grands coups de "X a recueilli une vache abandonnée dans son champ" bien lose.

***
Pour continuer la lecture, direction la deuxième partie de ce guide se savoir-paraître!
Pour aller directement à la troisième partie, c'est par ici.


3 commentaires:

  1. Je sais pas si je dois liker ou m'en abstenir, ou si un "share" peut élever ma coolness... en tous cas, cet article est excellent et j'attends la suite!

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  2. Tu t'es fait plaisir sur cet article, ça se sent!!!!
    LOL
    En effet, vivement la suite!!!!

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  3. Au sujet des jeux Zynga, tu pourrais rajouter qu'ils ne sont pas coules du point de vue faceboob, mais encore moins coule du point de vue hardcore gamer.
    A plus dans le bus.

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