Espoirs brisés sur Yahoo! Q&A |
Tout d'abord, beaucoup de marques se prévalent plus ou moins directement de ce titre. Ainsi, Renault était jusqu'à peu créateur d'automobiles, Schweppes se disait créateur de saveurs et Citroën se fait encore aujourd'hui le chantre d'une créative technologie. Mais ce qui est plus intéressant, c'est que ce phénomène ne concerne pas les seules multinationales. Des SSII aux coiffeurs en passant par les chocolatiers, les boulangers et même certains experts-comptables, tout le monde se dit créateur de quelque chose... Une manière pour ces entreprises, grandes comme petites, d'insuffler de la magie dans leur métier et se défaire de leur image industrieuse : on ne produit plus des biens de consommation, on les crée ; on ne conçoit plus des services, on les imagine. C'est sûr que considérer chaque pain au chocolat comme une œuvre d'art à part entière réenchante le quotidien!
Peut-être que cette "volonté de créer" provient du rejet contemporain du productivisme et de la Technique, perçus comme peu glamour voire carrément avilissants. Mais paradoxalement, les professions dites "créatives" (le design, les médias, l'architecture, etc.) semblent aujourd'hui faire le chemin inverse et proclament qu'après tout, elles ne sont le fait que d'humbles artisans et ouvriers! Un exemple dans le monde de la com : si l'importance d'une bonne créa publicitaire est reconnue, l'obsession nouvelle pour l'analyse des Big Data, grâce auxquelles l'efficacité des campagnes serait décuplée, témoigne de ce mouvement du secteur vers plus de concret, de science, d'industrie.
On récapitule : les métiers "techniques" se rêvent créatifs tandis que les métiers créatifs se veulent plus techniques. Un sacré —et très postmoderne— mélange des genres! Il faut y voir le signe de frontières plus que jamais brouillées entre artisan et artiste d'un côté, spectateurs et créateurs de l'autre. Car la figure de l'artiste, avec tout ce qu'elle suppose de noblesse, demeure une invention très récente : le peintre ou le sculpteur est longtemps resté un prestataire comme un autre, avant de gagner progressivement en indépendance et prestige. Par conséquent, si l'on développe l'analogie à l'extrême, on peut se demander si un pâtissier n'a pas raison dans l'absolu de prétendre au titre d'artiste... D'autant qu'aujourd'hui, et c'est la limite spectacteur/créateur qui s'estompe ici, la multiplication des sources d'inspiration et des outils de création fait de tout un chacun un créateur en puissance. Vertigineux...
Bien entendu, tout cela est pousser la réflexion un peu loin, mais qu'en pensez-vous?
en fait, je crois qu'il ne s'agit pas tant d'art que de création...Et que la création devient en soi le moteur de l'économie, économie basée sur nos liens sociaux...donc sur la création.
RépondreSupprimerJe pense aussi que le titre d' "artiste" sera toujours une forme de consécration, décernée par les publics (qui se revendique aujourd'hui "artiste" ?) versus la notion de "créateur" adapté à un usage, accolé à une pratique (créateurs d'images, de rêve, de vents, de marketing...).
Effectivement, matière à débat.
Oui le terme d'artiste aura toujours un côté "titre de noblesse", mais comme tous les titres de noblesse certains n'hésitent pas à se l'arroger... Les chocolatiers notamment, va savoir pourquoi!
RépondreSupprimerSinon, effectivement "créateur" est plus spécifique qu'artiste, mais se déclarer créateur c'est déjà prétendre créer... et donc se prétendre artiste, non?
intéressant. Néanmoins le côté "create" est un argument de valorisation des clients pour les marques, plateformes de diff', communautés. Plus poliment, on use du mot "share".
SupprimerDès-lors, 2 chaines
find share create
vs
inspire push art
Une dimension pull vs push entre le créateur et l'artiste. Non?
Je n'avais pas envisagé les choses sous l'angle du découplage mais oui, pourquoi pas!
Supprimerouvrons une boutique d'idées Louis !
SupprimerAha mais je signe tout de suite!
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