Connaissez-vous Rando? Je suis accro à cette petite application créée il y a quelques mois par un studio anglais (et disponible sur Android, iOS et Windows Phone). Son principe : prendre des photos et les envoyer à d'autres utilisateurs de manière anonyme et aléatoire. Ici pas de profil, de RT ou de like mais une règle simple : pour chaque cliché envoyé on en reçoit un à son tour, avec pour seule information sa provenance géographique. Et impossible d'y répondre : Rando se définit comme une appli "anti-sociale", au sens où les échanges y sont volontairement univoques et réduits à leur plus simple expression. Ou comment trancher avec les ténors du Web comme Google et Facebook, qui ne rêvent que d’ouverture tous azimuts...
Avec plus de 400.000 téléchargements et 10 millions de photos partagées sans aucune promotion, Rando est un joli succès qui en dit long sur notre époque.
Tout d'abord, elle fait écho à l'explosion de nouveaux outils de communication numérique toujours plus simples et visuels, comme Instagram, Vine et Path, les très populaires services de messagerie instantanée WhatsApp et Line ou encore l'appli de photographie éphémère Snapchat.
Par ailleurs, la structure de ses utilisateurs montre clairement l'émergence de nouvelles populations digitales dans les pays émergents. En effet, les 6 pays les plus friands de Rando sont la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, le Brésil et la Chine. Dans l’Empire du milieu, les Internautes mobiles ont même dépassé les internautes dits « fixes » !
Rando est enfin intéressant sur un point : si le positionnement farouchement anti-social de l'application est une belle idée, il apparaît de plus en plus comme un échec. En effet, ses créateurs sont les premiers à reconnaître que certains « randonautes » republient leurs photos sur des réseaux sociaux plus classiques afin de les partager directement avec leurs proches. De même, la dernière mise à jour de l'application a introduit une nouvelle fonction qui sonne comme une petite trahison du concept original, puisqu'il est désormais possible de noter les photos que l'on reçoit!
Habitués à commenter, tweeter, épingler tous les contenus, les randonautes étaient probablement frustrés de ne pouvoir interagir davantage. Les développeurs de l'appli y ont donc réintroduit une dose de lien social. Ce qui pose une question rhétorique : en fin de compte, un réseau social peut-il survivre en étant anti-social?
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