mardi 21 août 2012

Medium réinventera-t-il le Web 2.0?

Décidément, les fondateurs de Twitter ne se reposent pas sur leurs lauriers! Tandis que Jack Dorsey veut réinventer le paiement mobile et nous précipiter dans un futur "cashless" avec Square (qui vient d'ailleurs de signer un partenariat avec Starbucks), Biz Stone et Evan Williams, également papas de Blogger, viennent de créer Medium. Objectif : "repenser la manière dont nous publions des contenus sur Internet". Tranquille.

Medium est encore en beta fermée mais son concept et son apparence laissent à penser qu'il s'agit d'un croisement entre Tumblr et Pinterest. On y retrouve en effet une prise en main très fluide et une présentation en tableau. Cette esthétique en mosaïque aujourd'hui omniprésente, de Windows 8 à Facebook en passant par The Fancy, n'est pas innocente puisqu'elle transforme notre manière de naviguer entre les contenus. Avec Medium, on ne lit plus forcément de haut en bas mais on laisse l’œil se balader entre les photos ou les textes. Et ce n'est pas tout.

Autre choix d'ergonomie radical : par défaut, les posts ne sont pas organisés de manière anti-chronologique (le plus récent apparaissant en haut). Ici, les contenus remontent simplement grâce à la note que leur attribuent les internautes —un parti-pris qui va à l'encontre d'un des principes les plus fondamentaux des blogs!

Mais tout cela n'est rien à côté de l'ultime pari de Biz Stone et Ev Williams. Comme le fait justement remarquer le Nieman Lab (la cellule de réflexion sur le journalisme de Harvard) Medium est minimaliste et dépourvu d'espace personnel.
Lorsque l'on clique sur le nom d'un blogueur, on n'accède non pas à une liste d'articles ou un à profil mais à son seul compte Twitter. Chaque billet est entièrement indépendant et laissé à la disposition des utilisateurs qui souhaiteraient s'en saisir pour construire leur propre "tableau", un peu comme on "RT" un tweet ou l'on "reblogue" une citation sur Tumblr. Libéré du blog en tant que support fini, propriétaire, le contenu vit au gré des curations. Par exemple, une histoire de moqueries à l'école peut aussi bien se retrouver classée dans un tableau titré "anecdotes" que "souvenirs d'enfance" ou "racisme ordinaire". Une fois de plus, le parti-pris n'est pas anodin car ici c'est notre rapport à l'auteur qui est potentiellement bouleversé.

Poursuivant son analyse, le Nieman Lab souligne en effet que la valeur d'un objet sur Internet est de moins en moins liée à sa source (tel blogueur influent, tel grand quotidien, etc.) mais à la manière dont il est partagé. Tant et si bien que beaucoup de contenus, notamment les photos et les mèmes, n'ont souvent plus de source identifiée! Si l'Auteur avait déjà vu sa légitimité bien émoussée avec le Web 2.0 (on en parlait déjà ici), il s'effacerait désormais entièrement derrière les lecteurs et curateurs.

Medium confirmera-t-il cette tendance, posant un nouveau jalon dans l'histoire 2.0? Peut-être. Cependant, il reste à mes yeux une faille qui pourrait faire échouer ses créateurs : l'ego de l'internaute.
De Twitter à Facebook en passant par Blogger ou Youtube, toutes les plateformes de publication reposent avant tout sur la volonté de façonner son image au travers de contenus divers. Comme le montrait une étude réalisée l'année dernière par le New York Times, nous partageons non par altruisme mais pour nous mettre en scène.
En réduisant l'autorat à sa plus simple expression, Medium risque de ne pas répondre au besoin de reconnaissance et d'affirmation si bien comblé par les médias sociaux...

Qu'en pensez-vous?

1 commentaire:

  1. très bien
    comment sont "rémunérés" les fournisseurs de contenus

    zeitgeistement

    (il suffirait de pouvoir donner, si on le désire, 1 à 5 € d'un seul clic. et fini les "grosses maisons d'éditions")

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