Pas pu m'empêcher, désolé... |
Certains d'entre-vous le savent déjà : je suis obsédé par les Lolcats et, par extension, par tous les mèmes, ces références pop culture répétées, déclinées et remixées à l'infini auxquelles j'ai déjà consacré quelques billets (notamment ici et ici).
La semaine dernière s'est tenue au MIT la conférence biannuelle ROFLCon, consacrée à cette "culture 2.0" qui est depuis longtemps sortie des seuls cercles geeks. En témoigne cet article de l'honorable revue The Atlantic qui se demande, de manière un peu provocatrice, si les Lolcats ne nous rendraient pas plus intelligents. Et d'illustrer le propos par un mémoire de recherche récemment publié par une étudiante de la London School of Economics (un exercice d'intellectualisation qui n'est pas sans rappeler ce sublime article de la NRF s'employant à analyser formellement les textes du rappeur Booba)!
Alors, les Lolcats nous rendent-ils plus intelligents? Pas directement, c'est certain. Mais pour les universitaires qui se sont penchés sur la question, les mèmes sont importants car ils constituent un puissant vecteur d'information offrant un reflet fidèle de notre société. Cela peut prêter à sourire mais force est de constater que l'on trouve de tout dans les mèmes, des sujets les plus crétins aux plus graves en passant par les plus brûlants...
Ce qui me semble plus intéressant c'est pourquoi les mèmes sont de remarquables supports de communication. J'y vois deux raisons.
Tout d'abord, ils sont protéiformes : ils prennent des aspects très variés (photomontages, légendes absurdes apposées sur des photos, gifs, vidéos, hashtags...) et ne se restreignent jamais à un seul média. Une simple photo peut ainsi faire l'objet de dizaines de déclinaisons en images, clips, chansons, mini-jeux, etc.
Par ailleurs, les mèmes sont fondamentalement démocratiques. Chacun est libre d'en inventer ou réinventer. Ils n'appartiennent à personne et leur paternité n'importe que peu. Certes, monter une vidéo ou enregistrer un morceau n'est pas encore à la portée de tous mais de plus en plus d'outils permettent de le faire facilement, quand certains sites ou applications ne proposent pas tout simplement des mèmes "clé en main"...
Au-delà, si beaucoup d'Internautes sont des passagers clandestins ne créant rien eux-mêmes (les fameux "spectateurs" de l'échelle de Forrester), ils participent malgré tout à un processus démocratique en diffusant les meilleurs vidéos ou photos, c'est-à-dire les plus drôles ou les plus lourdes de sens.
Je ne me risquerai donc pas à écrire que les mèmes sont "comme un miroir que l'on promène au bord d'un chemin" mais une chose est sûre : ils incarnent à leur manière la promesse démocratique et humaniste d'Internet, celle d'une créativité débridée source de lien social et d'échange.
Qu'en pensez-vous?
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